
L’automatisation de la gestion des tarifs : gain de temps ou perte de contrôle ?
Le marché hôtelier évolue plus vite qu’avant. Pour suivre le rythme, de plus en plus d’hôteliers s’appuient sur des outils d’automatisation tarifaire. Revenue Management Systems (RMS), Channel Managers, outils de rate shopping… Les outils ne manquent pas, et chacun promet de « maximiser vos revenus ». Mais sans stratégie solide, ces promesses restent théoriques. Faut-il alors confier aveuglément son pricing à des algorithmes ? Pas si simple. Automatiser ne veut pas dire piloter en mode automatique. Voici comment tirer le meilleur de la technologie sans perdre la main.
Ce que permet vraiment l’automatisation tarifaire
Commençons par remettre les pendules à l’heure. L’automatisation tarifaire n’a pas pour vocation de « fixer les prix à votre place ». Elle analyse. Elle calcule. Elle alerte. Et surtout : elle vous donne les clés pour décider plus vite et mieux.
- Traitement rapide des données : historiques de réservation, pick-up, variations de la demande, données concurrentielles, événements locaux… Le volume d’informations à traiter dépasse largement les capacités humaines au quotidien. Un RMS est conçu pour digérer ces données en quelques secondes.
- Recommandations dynamiques : les algorithmes détectent les signaux faibles et ajustent les propositions tarifaires en temps réel, selon les variations de marché.
- Synchronisation sur tous les canaux : via le Channel Manager, les tarifs et disponibilités sont actualisés instantanément sur l’ensemble des canaux de distribution (OTAs, site direct, GDS, etc.), limitant les risques de surbooking et d’incohérence.
- Aide à la réactivité : lorsqu’un événement inattendu stimule la demande (congrès, météo favorable, annulation d’un concurrent…), l’automatisation permet d’ajuster rapidement les prix et les restrictions.
En résumé : non, un RMS ne « fait pas le prix à votre place ». Il vous équipe pour piloter votre stratégie de manière éclairée.
Les limites de l’automatisation
Il est tentant de croire qu’un RMS, aussi performant soit-il, suffit à « faire tourner » le revenue management tout seul. C’est une illusion.
- L’algorithme n’a pas de stratégie d’image : il ne connaît ni votre positionnement, ni la valeur perçue de votre établissement, ni les messages que vous souhaitez envoyer à votre clientèle cible.
- Il ne tranche pas entre TO et PM : remplir à tout prix ou privilégier le prix moyen ? Ce sont des arbitrages business qui dépassent la logique purement algorithmique.
- Il ne voit pas l’invisible : travaux imprévus chez un concurrent, arrivée d’une nouvelle offre dans votre zone, changement de réglementation… Ces signaux faibles ne figurent pas toujours dans les données traitées.
- La prévision a ses angles morts : long séjour, groupes, ultra-dernière minute… Certains segments restent délicats à modéliser malgré les progrès des outils prédictifs.
Bref : un RMS performant sur une mauvaise stratégie restera un mauvais copilote.
Automatiser, oui… mais avec une vraie stratégie tarifaire en amont
L’automatisation n’est pas une stratégie. C’est un amplificateur de stratégie.
- Construire des cales tarifaires solides : des plages de prix cohérentes avec votre positionnement et votre mix clientèle.
- Poser des règles et des garde-fous : prix plancher, paliers d’ajustement, restrictions de durée de séjour… Les règles métier doivent cadrer l’action de l’algorithme.
- Piloter le mix canal : ajuster votre exposition tarifaire entre distribution directe et indirecte pour optimiser à la fois la visibilité et la rentabilité.
L’enjeu est simple : c’est la qualité de votre stratégie qui conditionne la pertinence des recommandations automatiques.
5 bonnes pratiques pour combiner expertise humaine et automatisation
- Ne pas verrouiller le RMS inutilement
Laisser une part de liberté aux algorithmes tout en définissant des marges de manœuvre contrôlées. Trop brider, c’est sous-utiliser la puissance de l’outil. - Paramétrer finement les règles métier
Traduire votre ADN hôtelier en logique tarifaire dans le RMS : quels types de clients, quels comportements d’achat, quelles attentes sur votre marché. - Travailler en binôme RMS + Revenue Manager
L’expertise humaine reste indispensable pour donner du contexte aux données. C’est elle qui anticipe les phénomènes que la machine ne voit pas. - Auditer régulièrement les recommandations
Vérifier que les propositions de pricing restent alignées avec vos objectifs et la réalité terrain. - Former les équipes aux logiques du RMS
Comprendre pourquoi les prix bougent est essentiel pour ne pas générer de frustration opérationnelle ou de blocages internes.
Conclusion : l’automatisation, un levier au service d’une stratégie… pas une baguette magique
L’automatisation tarifaire est un formidable accélérateur. Mais un accélérateur n’a de sens que si la direction est claire. Stratégie, expertise humaine et outils doivent fonctionner de concert. La machine optimise, l’humain décide.
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